Mères de famille monoparentale en situation de vulnérabilité

Elles sont seules en charge de leur famille, seules à affronter les difficultés du quotidien. Elles multiplient les rôles, les devoirs, les obligations… Face à autant de difficultés, il leur arrive de plonger dans le désespoir. Cette situation, L’Entraide la connait bien. Elle destine les deux tiers de son budget à apporter du soutien à des mères seules en grandes difficultés et à leurs enfants.

Dans le cadre de son action sociale, une conférence-débat a été organisée le 27 novembre dernier à l’Institut Français de Madrid. Y ont participé 5 spécialistes espagnoles qui  ont apporté de la lumière sur une structure familiale de plus en plus fréquente, les problèmes qu’elle soulève et ce qui pourrait être fait depuis les institutions pour les soulager. Nous tenons à les remercier.

Marisa Soleto

Yolanda Besteiro de la Fuente

Maria José Garrido Antón

Carmen Flores Rodríguez

Milagros León Martín

CONCLUSIONS DE NOTRE CONFÉRENCE-DEBAT
MÈRES DE FAMILLE MONOPARENTALE EN SITUATION DE VULNÉRABILITÉ

Des chiffres inquiétants
En Espagne, la natalité ne cesse de baisser depuis des années. En 2022, elle a perdu 22,6% par rapport à 2012. Peu d’enfants, élevés dans une structure familiale qui elle aussi évolue: pour la première fois dans son histoire, l’Espagne a vu naitre en 2023, plus de bébés de parents non mariés que de parents mariés. Autre fait de société: les familles monoparentales représentent à l’heure actuelle 24% des familles avec mineurs à charge. Dans 81% des cas, une femme assume seule cette responsabilité. Selon la modératrice de notre débat María José Garrido Antón, Cheffe du département d’études du Secrétariat d’Etat de Sécurité ,de tels chiffres indiquent l’urgence de protéger d’avantage les mamans et leurs enfants.

Un statut familial spécifique
Beaucoup de foyers vivent sous la menace constante de la pauvreté. En Espagne, on considère qu’une famille de deux adultes et deux enfants vit sous le seuil de pauvreté si son revenu est inférieur à 21.185 € annuels. Le risque est encore plus grand quand ces familles sont monoparentales. Leur revenu moyen est de 19.192 € quand celui d’une famille biparentale est de 37.442 € (INE). Les fins de mois sont problématiques pour 96,6% d’entre elles.

Un autre fait inquiétant: l’Espagne obtient en 2023 la note la plus basse dans l’Union Européenne quant à la pauvreté enfantine. Le taux est de 26% selon le dernier rapport de l’UNESCO sur la situation de précarité des enfants entre 2019 et 2021.Yolanda Besteiro de La Fuente Presidente de la Federación Mujeres Progresistas, rappelle que le concept de pauvreté infantile doit s’analyser dans le contexte des famille de ces mineurs. La pauvreté infantile n’est pas le propre des enfants mais de leur famille qui sont souvent monoparentales.

Pour ces familles, acquérir un appartement est inimaginable et la location plus que problématique. Les logements à caractère social sont insuffisants, octroyés par tirage au sort et souvent de façon temporaire. Le logement est un souci pour toutes mais il s’aggrave quand il s’agit de femmes maltraitées qui, par manque d’alternatives, sont parfois obligées de continuer à cohabiter avec l’homme qui les maltraite.

Pour affronter toutes ces difficultés, Carmen Flores propose d’établir un indice de correction du niveau de revenu. Les familles monoparentales devraient disposer comme les familles nombreuses d’un statut spécifique car leur éviter la pauvreté et l’exclusion sociale est la responsabilité des pouvoirs publics.

L’ emploi, une nécessité
Une autre difficulté: l’accès au marché du travail. La politique de l’emploi et la législation actuelles sont pensées pour répondre aux besoins de la famille biparentale. Yolanda Besteiro de la Fuente et Marisa Sotelo, directrice de la Fondation Mujeres, réclament des mesures adéquates de conciliation pour ces femmes seules. Elles ont besoin d’horaires flexibles, de congés rétribués pour affronter les urgences, qu’on leur facilite le télétravail et toute autre mesure orientée à soulager le stress dont elles souffrent. Mais avant tout, leurs enfants doivent être admis de façon prioritaire dans les écoles publiques. À l’heure actuelle, la loi oblige à avoir un emploi pour pouvoir solliciter une place, un cercle vicieux qui se referme sur elles. Marisa Sotelo l’affirme: la conciliation des femmes monoparentales est le problème de tous et la société doit y répondre dans son ensemble.

Quand le désespoir s’installe
Selon une étude menée par la Fédération Mujeres Progresistas, 75% des mères de familles monoparentales souffrent de problèmes émotionnels. L’absence d’un réseau de soutien et l’impossibilité de partager ses peines et ses soucis est à l’origine de beaucoup de malaises psychiques qui peuvent dériver en stress, dépression, angoisse, troubles de la personnalité etc. Le poids des responsabilités, la frustration, les sentiments de culpabilité et d’infériorité, le manque d’une vie affective propre, la solitude, dans certains cas le deuil, placent ces femmes dans une situation à haut risque. Il est urgent d’intervenir auprès d’elles et leur famille, en leur apportant un soutien psychologique et affectif qui se fait trop souvent attendre.

Depuis la Communauté de Madrid
Milagros León Martín, Sous-directrice Générale de la Famille et la Promotion de la Natalité de la Communauté de Madrid a présenté les grandes lignes de la politique que son département met en place pour aider les familles monoparentales. Dans le cadre des écoles maternelles, il est prévu de multiplier par deux le nombre de places gratuites pour les enfants de 0 à 3 ans. Pour l’emploi, des mesures qui visent à réduire la pénalisation associée à la maternité dans les entreprises sont à l’étude. Pour améliorer l’accès à un logement, des quotas préférentiels pour les familles monoparentales vont être définis.

Comme exemple d’aide aux mères en situation de vulnérabilité, Milagros León Martín souligne que 32 organismes reçoivent des subventions pour aider des femmes et des enfants depuis le 5ème mois de grossesse jusqu’à l’âge de 2 ans. Deux centres d’accueil sont ouverts. Ils disposent de 94 et de 30 places.

Nous remercions chaleureusement:

Nos Intervenantes:

Marisa Sotelo, Directrice de la Fondation Mujeres.
Yolanda Besteiro de la Fuente, Présidente de la Fédération Mujeres Progresistas.
Carmen Flores Rodríguez, Vice-présidente del Comité Mujeres del Municipio de Madrid et Presidente de la Federación de Asociaciones de Madres Solteras.
María José Garrido Antón, Cheffe du département d’études du Secrétariat d’Etat de Sécurité.
Milagros León Martín, Sous-directrice Générale de Familia y Fomento de la Natalidad de la Communauté de Madrid.

Les personnalités et institutions qui nous ont aidé à l’organisation du débat:

– Madame la Consule Générale, Marie-Christine Lang pour son soutien.
L’Institut Français de Madrid pour son accueil.

Et aussi:

Tous les bénévoles de l’Entraide pour l’organisation et la diffusion de la conférence.